AC Cobra 289 FIA, 300 chevaux et 900 kilos

Quand on est pilote automobile, qu’on vient de remporter la plus prestigieuse course automobile du monde, qu’on nous interdit de piloter après cela pour des problèmes de santé, que l’on est texan et que l’on s’appelle Caroll Shelby, que fait on ? Et bien c’est simple on décide de mettre au point une légende de l’automobile qui mélange puissance américaine et légèreté européenne !

Aujourd'hui, on ne va pas retracer l’histoire de l’AC Cobra, je pense que tout le monde la connaît, (on fait quand même un mini récap pour les deux du fonds qui se sont endormis).

En 1960, après sa victoire au Mans et une interdiction de courir, Carroll Shelby se voit contraint de rester au bord de la piste, c’est ainsi qu’après avoir passé un accord avec le constructeur anglais AC, le texan montre que les américains peuvent également faire des voitures à la puissance démesurée tout en étant habiles et légères.

Ainsi naît la Cobra 260, petit roadster anglais au cœur bien américain.

Très vite, le moteur passe de 4.2l à 4.7l développant ainsi 270 chevaux pour la version de route en 1965.

Au Classic de Pau, Damien Kohler et Sylvie Laboisne nous ont livré de belles batailles avec la concurrence !

Mais comme Carroll Shelby était avant tout un pilote, son but était de faire courir ses Cobra en compétition.

C’est ainsi que quelques mois après la naissance de la Cobra, en 1963, la Cobra 289 fait ses débuts en compétition, le V8 d’origine Ford va ainsi développer près de 360 chevaux et permettre à la Cobra de se faire un nom. Puisque la même année elle s'illustre dans le championnat national USRRC (United States Road Racing Championship) en le remportant dès sa première participation.

Cependant, le but de Carroll Shelby est de s’engager dans le championnat d’endurance FIA destiné aux voitures de tourisme et qui est dominé par la Ferrari 250 gto.

C’est ainsi qu’une version spéciale de la Cobra est développée en 1964, cette fois-ci avec un hard top permettant de générer une traînée moindre que les décapotables, elles ayant un coefficient de traînée beaucoup plus important.

Malgré les efforts, les Cobra sont mises à rudes épreuves sur la manche française, car plafonnant à 259 km/h elles se font devancer et de loin par les Ferrari et autres Aston-Martin dépassants elles les 270 km/h et ce malgré les efforts fais avec l'installation du toit et l’élargissement des voies. La course Mancelle échappe une nouvelle fois aux Shelby.

C’est ainsi qu’une version coupé fût développée spécialement pour l’épreuve et ses Hunaudières (on vous en parlera un jour mais pour cela il faudrait trouver un modèle, si par hasard quelqu’un connait le propriétaire d’une AC Cobra coupé n’hésitez pas !).

Le hard-top vient diminuer la traînée de la voiture lui offrant plus de vitesse de pointe et de sécurité pour son pilote.

Enfin, il faut noter que les Cobra sur nos circuits européens se défendaient plutôt bien, car si en ligne droite elles se retrouvaient en difficulté, leur terrain de jeux favoris était constitué de circuits sinueux aux lignes droites assez courtes, afin d’exploiter la puissance qui arrivait très vite dû à la boite 4 rapports.

Et cela concorde plutôt bien avec le tracé du circuit de Pau, tracé urbain sinueux mais avec de conséquentes lignes droites la Cobra y est ainsi plutôt à l'aise, et cette année 2023 nous avons eu la chance non pas de voir une mais deux AC Cobra s’affronter sur le circuit urbain.

Prêt de 200ch et 300 kilos séparent les deux voitures, mais même si la Lotus est plus légère la Cobra en a sous le capot !

La numéro 16 (bleue aux bandes blanches) et la 102 (grise).

La 102, une pure AC Cobra 289 FIA de 1965, a été entretenue dans un parfait état par son propriétaire mais a aussi subi une cure de jouvence pour s’attaquer à nos circuits Français. Le V8 4.7L développe désormais 400 ch, la boite 4 rapports est conservée mais le pont Salisbury est autobloquant à refroidissement, permettant de passer au sol les 400 chevaux du monstre américain. La carrosserie quant à elle reste en aluminium.

Malgré ces travaux, lors du grand prix de Pau classic elle dû abandonner la course sur un problème mécanique assez inattendu.

Déjà présente à Nogaro, cette Cobra a fait vibrer les rues de Pau lors du GP historique !

Enfin la 16 quant à elle nous a livrée une superbe bataille en piste avec une Lotus. Au cours de laquelle, la Cobra a su montrer l’étendue des capacités que son châssis propose en ne laissant pas passer son adversaire pourtant plus agile en courbe, puis elle a montré la puissance qu’offre son V8 lorsqu’un bout de ligne droite apparaît en distançant sans problème la Lotus.

L'intérieur de la 102 a lui aussi été conservé dans son état d'origine avec les compteurs d'époque et ce grand volant, une œuvre d'art !

La Cobra a donc su entrer dans les mémoires, de par son côté légendaire et son histoire atypique, mais aussi par ses capacités de véritable sportive, en montrant ce dont elle était capable sur un secteur dont les voitures américaines ne raffolent pas, les virages.

Carroll Shelby a donc réalisé son rêve, créer une voiture de sport à la fois puissante mais aussi agile, et cela la Cobra nous le prouve, en ayant remporté de nombreuses courses au cours du temps (vainqueur de sa catégorie au Mans et 4ème au général, 500 miles de Brand Hatch etc.) et aujourd’hui en s’imposant dans les rues de Pau, un circuit plus qu’exigeant.

De nos jours les Cobra sont de plus en plus rares, nombre de répliques ont vu le jour permettant de faire perdurer l’héritage texan, dans nos rues, mais aussi aux grands écrans où la Cobra apparaît dans de nombreux films, tel que “Le Mans 66”, “Michel Vaillant” mais aussi dans les jeux vidéos où la licence “Gran Turismo” a dans chaque opus permit à de nombreux joueurs de piloter la Shelby Cobra.

C’est aujourd’hui un plaisir que de pouvoir voir mais surtout entendre rugir ces V8 pur sang qui font trembler les rues à leur passage.

Arthur Legrand