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Porsche Carrera GT, la supercar inespérée

  • Photo du rédacteur: Arthur Legrand
    Arthur Legrand
  • 11 févr. 2023
  • 4 min de lecture

Imaginez, fin des années 90, l’an 2000 approche, tous les plus grands constructeurs annoncent de nouveaux modèles, tous sauf un, Porsche. Soudain une silhouette descend les Champs-Élysées à son volant Walter Rohrl, le blason figurant sur le capot est signé de la maison de Stuttgart, mais quelle est donc cette voiture dont personne n’a entendu parler ?

L’histoire de ce modèle débute bien loin du projet final qui donnera naissance à cette Porsche, car tout est fondé autour d’une chose : le moteur.

Certes le moteur est l’élément essentiel de la voiture, mais ce moteur en particulier a une histoire bien à lui.

Cela date du temps où Porsche était en Formule 1 et fournissait des moteurs V12 à l’écurie Footwork, en 1991 la FIA sonne la fin du V12 turbo et Porsche planche alors sur un V10 pour le remplacer. Mais Footwork stop alors le partenariat en pleine saison pour une raison simple, le V12 n’était pas fiable. Pourquoi donc faire de nouveau confiance à la marque germanique.

Porsche se retrouve de ce fait avec un moteur de Formule 1 sur les bras, inutilisable dans quelque autre catégorie.


Une idée surgit ainsi quelques années plus tard.

La 911 GT1 avec le changement de règlement en endurance ne sera plus adaptée, en 98 la marque décide alors de se retirer du championnat WEC (World Endurance Championship) pour revenir en 2000.

L’idée de base est de conserver le flat 6 de la GT1 plus économique. Mais des problèmes aérodynamiques pour refroidir le moteur et des problèmes de poids font que cette idée n’est pas viable.

C’est alors qu’on se tourne vers un certain moteur qui depuis le début des années 90 traîne dans les placards.


Le choix est alors pris d’utiliser ce moteur pour le futur prototype de course. De 3.5 litres, il passe ainsi à environ 5 litres de cylindrée. Ce moteur monté dans une coque en carbone va alors faire des miracles et battre le record de la piste d’essai de Weissach. Malheureusement, au milieu de l’année 1999, le programme est stoppé par Ferdinand Piëch qui ordonne à ses équipes non pas de travailler sur un programme d’endurance, mais sur un programme d’un futur SUV pour sauver la marque.

Tout de même, ce projet de prototype n’aura pas servi à rien, car en 2005 est présentée la RS Spyder qui a pour base de châssis ce fameux concept de prototype.



Le somptueux V10 vient prendre place sous les 2 grilles du capot







Après cet échec, Porsche se retrouve de nouveau avec le V10 sur le bras. pendant ce temps-là chaque constructeur se prépare pour l’an 2000 et le fameux salon de Paris, où Ferrari présentera l’Enzo, Mercedes la SLR et où est même annoncé le retour de Bugatti.

Et Porsche dans tout ça n’a aucun modèle à présenter, rater une telle publicité pour la marque serait alors désastreux.

Piëch ordonne dès lors à ses équipes de concevoir un modèle unique, pas une simple revisite de la 911, non, un modèle unique aux caractéristiques phénoménales, au design encore jamais vu, de quoi écraser la concurrence. Et tout cela en moins de six mois bien sûr.


Le projet paraît alors démesuré, mais au sein de l’équipe d’ingénieurs de chez Stuttgart, on voit enfin la possibilité d’utiliser ce V10.

C’est ainsi le coup d’envoi de ce qui va être une des voitures les plus rapides de sa génération.

Une coque en fibre de carbone est spécialement conçue pour la voiture, le V10, lui, est porté à 5.7 L et 612 chevaux, la boîte de vitesse elle ? Et bien, c'est celle qui devait équiper la formule 1 et le prototype d’endurance. Tandis que le PCCB (Porsche Ceramic Composite Brake) prend place sur la Porsche. Le PCCB est le système de frein carbones céramiques de Porsche qui par la suite sera disponible en option sur les 911 turbo et turbo S.










Tout était travaillé sur la voiture, jusqu'à la sortie d'échappement à la forme plutôt originale.













La voiture est alors fin prête pour le salon de Paris, un unique concept car est créé et celui-ci pour être sûr d’être vu va alors descendre l’avenue des Champs-Élysées et venir se stopper au Musée du Louvre pour une présentation 24 h avant l’ouverture du salon.


Le jour du salon, la voiture est officiellement dévoilée, ou tout du moins son concept car, qui pour finir sera à peu de choses prêt la voiture en elle-même.

C’est finalement grâce au Cayenne qui depuis 2002 se vend à foison que la Carrera GT est développée pour pouvoir être vendue.


La version définitive est donc équipée de ce V10 qui après plus de 10 ans de recherche trouve enfin sa place dans cette voiture. Mais ce qui fait le charme de la Carrera GT c’est qu’à l’heure où toutes les autres supercars étaient bardées d’électronique en tout genre, Porsche a choisi de créer une voiture équipée d’un V10 de 612 chevaux délivrant sa puissance aux uniques roues arrière et sans aucune aide électronique autre que l’ABS.

De plus, la boite de vitesse et le moteur eux sont tout droit issus de la compétition, ce qui fait que cet embrayage de course couplé à une boite de vitesse manuelle est dès lors complexe à prendre en main.


Ce qui fait en somme de la Carrera GT est une véritable voiture de course et nécessite alors un coup de volant pour être domptée.

Ces facteurs font que sur 1200 exemplaires vendues, plus de 200 ont été accidentés plus ou moins gravement.

Et selon Walter Rohrl, champion du monde des rallyes, vainqueur du Pikes Peak et pilotes de renom, il aurait avoué que cette Porsche était la voiture la plus dangereuse qu’il n’ait jamais conduite.











C'est de part son moteur mais aussi son design que la Carrera GT est entrée au panthéon des supercars.










Aujourd’hui, la Carrera GT fait partie de ces voitures à la sonorité reconnaissable entre mille, à l’histoire plus que tumultueuse, mais qui fait ce qu’elle est, et c'est grâce à ce fabuleux v10 et ses performances exceptionnelles qu’elle est réputée. Mais aussi sa prise en main qui requiert un niveau de pilotage élevé, sans quoi elle devient dangereuse.

Malheureusement, beaucoup d’exemplaires ont connu une fin tragique, encore plus pour certaines, comme celle de l’acteur Paul Walker qui périt dans sa Carrera GT après qu’elle a heurté un arbre. Cette histoire ne serait-elle pas sans rappeler un certain James Dean, lui aussi disparu au volant d’une Porsche au caractère imprévisible ?


Arthur Legrand

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